Le commerce de pastèques victime du froid à Kaolack.
La ville de Kaolack, située au centre du Sénégal, est actuellement le théâtre d’une situation économique difficile pour les vendeurs de pastèques du marché Syndicat. La fraîcheur qui s’est abattue sur la région a considérablement impacté les revenus de ces commerçants, habitués à une demande soutenue pendant la période de chaleur.
Traditionnellement, de octobre à février, la région est marquée par une abondance de pastèques, attirant les marchands de fruits qui voient dans ce produit une opportunité de commerce lucrative. Cependant, cette année, l’arrivée précoce de la fraîcheur a créé un dilemme pour les vendeurs locaux.
Pape, un vendeur de pastèques expérimenté, partage son constat : « Depuis quelque temps, la fraîcheur s’est installée alors que la demande en pastèques est plus forte en période de canicule. » La consommation de pastèques étant traditionnellement associée aux températures élevées, les ventes ont naturellement ralenti avec l’arrivée de conditions météorologiques plus fraîches.
Un de ses collègues souligne à l’APS que la période de chaleur est généralement plus propice à la vente de pastèques en raison d’une demande accrue. Cependant, il admet que la fraîcheur offre l’avantage de faciliter la conservation du produit sur une période plus longue. Dame, un revendeur qui s’approvisionne auprès des charretiers de la région, explique : « La chaleur est idéale pour la vente des pastèques, parce que les clients en consomment plus durant cette période. Mais avec la fraîcheur, la conservation devient facile. On peut conserver les pastèques pendant presque dix jours. »
Malgré cette adaptation, les vendeurs de pastèques à Kaolack se trouvent confrontés à d’autres défis, notamment la hausse des coûts de production. Mandiaye, un autre vendeur, se plaint de la cherté des pastèques, soulignant les coûts élevés des champs dans le Saloum et les frais de transport qui représentent une part importante de leurs dépenses.
Malgré ces difficultés, certains vendeurs, comme Mandiaye, font des efforts pour maintenir des prix abordables pour leurs clients, principalement des revendeurs. « J’essaie de faire tout pour diminuer les prix pour mes clients. Si je vous vends une pastèque au marché à mille francs CFA, vous pouvez la revendre, hors du marché, à plus de mille cinq cents francs CFA », explique-t-il, soulignant sa détermination à persévérer malgré les pertes.
Dans cette période incertaine, Abdoulaye Dia, un septuagénaire qui exerce le commerce des fruits depuis 1973, a trouvé une solution ingénieuse pour éviter la mévente. Il choisit de céder ses pastèques à crédit aux revendeurs, assurant ainsi un écoulement de sa marchandise même en l’absence de clients réguliers.
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« Chaque jour, j’achète plus de cinq charrettes de pastèques, mais avec la fraîcheur, les clients ne viennent pas souvent, même si nos prix sont accessibles à toutes les couches sociales. Je suis obligé de donner à crédit mes pastèques aux revendeurs qui me remboursent après la vente », se désole-t-il, illustrant la créativité et la résilience dont font preuve ces commerçants face aux défis économiques actuels.