À Vélingara, la ruée vers le maraîchage : Un espoir au bord du Kayanga.
Au bord du fleuve Kayanga, dans le département de Vélingara, le maraîchage est en train de devenir le pilier économique pour de nombreux petits agriculteurs sénégalais, face à une chute significative des rendements agricoles.
Alors que dans d’autres régions du pays, la jeunesse se tourne vers l’émigration comme solution à leurs problèmes, ici, beaucoup préfèrent s’investir dans le maraîchage. Cette activité, pratiquée depuis plusieurs mois, a pris de l’ampleur, avec des champs proches du fleuve produisant du gombo, de l’oseille, de la salade, du piment, de la tomate, et bien d’autres légumes. Les exploitants, majoritairement des jeunes des communes de Kounkané, Kandiaye, et Diaobé-Kabendou, commercialisent une partie de leur production sur les marchés locaux, tandis que le reste est écoulé dans les régions avoisinantes de Tambacounda à l’est, Sédhiou et Ziguinchor au sud, voire même en Gambie.
Cependant, malgré l’enthousiasme croissant pour le maraîchage, les agriculteurs font face à des défis majeurs. Les récoltes sont souvent modestes, et la vente des légumes est compliquée en raison de la rareté de la clientèle. Certains produits se détériorent faute d’acheteurs, ce qui pose un problème crucial. Diouldé Boiro, maraîcher local, partage son expérience : « Mon ami et moi passons ici une bonne partie de la journée. Si tout va bien, nous récoltons trois fois par semaine. Nous vendons la bassine de gombo entre 7.500 et 20.000 francs CFA ». Malgré les difficultés, il se dit fier de contribuer à l’économie locale en cultivant la terre.
Le manque d’équipements adéquats constitue un autre défi. Diouldé Boiro souligne que l’acquisition d’une motopompe a été une étape importante pour eux, mais beaucoup d’autres agriculteurs peinent à obtenir les outils nécessaires, notamment pour protéger leurs cultures des animaux errants. Saliou Diao, un producteur horticole, confirme ces difficultés. Il dénonce le manque d’équipements et les obstacles à la vente des récoltes. « Beaucoup de familles n’ont que les périmètres maraîchers pour gagner leur vie, mais nous sommes confrontés à de nombreux problèmes », déplore-t-il.
Outre le manque de moyens, les agriculteurs font face à des défis liés à l’accès à l’eau du fleuve et à la protection de leurs cultures contre les animaux sauvages. Les dégâts causés par ces animaux non seulement entraînent des pertes de récoltes mais rendent également difficile la survie de l’activité maraîchère. Les femmes des villages avoisinants ne sont pas en reste. Toukan Boiro, une productrice du village de Koulandiala, témoigne : « Presque tout le monde dans notre village travaille dans les périmètres maraîchers pour gagner sa vie. Il n’y a pas d’autre possibilité pour nous. » Faute de matériel de pompage adéquat, elles doivent creuser des puits et acheter des arrosoirs, ajoutant une couche de complexité à leur travail déjà exigeant.
Malgré ces défis, l’esprit d’entreprise et la fierté de contribuer à l’économie locale semblent animer ces agriculteurs. Cependant, ils appellent à une assistance accrue en termes d’équipements et de soutien logistique pour développer davantage cette activité cruciale pour leur survie.
Bassirou Diao, un commerçant local, met en lumière la difficulté de vendre les produits sur les marchés avoisinants, avec une concurrence exacerbée et des marchandises restant invendues pendant des périodes prolongées. Les marchés, en particulier en Gambie, sont saturés, ce qui compromet la rentabilité des récoltes. La nécessité d’un soutien accru de la part des autorités locales et des organismes de développement apparaît cruciale pour assurer la durabilité de cette ruée vers le maraîchage à Vélingara.