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Carottes - ph : Pexels

Carottes : L’ouverture aux importations pénalise les producteurs locaux

L’ouverture du marché sénégalais aux carottes importées met en péril la production locale : A2FP enregistre des pertes colossales.

L’entreprise sénégalaise A2FP, spécialisée dans la production et la transformation agricole, a tiré la sonnette d’alarme après avoir enregistré des pertes estimées à 250 millions de francs CFA. En cause : l’ouverture du marché sénégalais aux importations de carottes, qui a gravement impacté la production locale.

Basée à Ndoucoumane, dans la région de Thiès, A2FP est une filiale du groupe Africa Farming et se consacre à la culture de plusieurs spéculations telles que la pomme de terre, l’oignon, les piments et les carottes. Mais, avec la concurrence accrue des carottes importées, l’entreprise fait face à une situation économique critique.

Serigne Issa Diop, directeur du système d’information d’A2FP, explique que sur les 25 hectares de carottes initialement destinés à être récoltés cette saison, seuls 10 hectares ont pu l’être avant l’ouverture du marché aux importations. « La commercialisation de notre récolte a coïncidé avec l’arrivée massive de carottes importées, ce qui a causé une mévente sévère et le pourrissement d’une partie de notre production », regrette-t-il.

La perte est considérable pour l’entreprise : 250 millions de francs CFA. A2FP a dû prendre la décision difficile de suspendre la récolte sur les 15 hectares restants, représentant environ 600 tonnes de production. Pour l’entreprise, il est devenu impossible de concurrencer les carottes importées, dont le prix au kilogramme est trois à cinq fois inférieur à celui de la production locale. « Le paradoxe, c’est que pendant que le marché des carottes importées est ouvert, celui de l’oignon est fermé, bloquant ainsi 1440 tonnes d’oignons d’une autre filiale de notre groupe au Port autonome de Dakar », souligne Serigne Issa Diop.

Cette situation met en lumière la précarité des producteurs locaux face à des décisions de politique commerciale qui, selon A2FP, manquent de cohérence. « Nous avons noué contact avec les autorités compétentes pour discuter de solutions, mais si cette situation persiste, ce sont les emplois de nos 1000 prestataires et 70 permanents qui sont directement menacés », alerte le directeur.

L’entreprise rappelle également qu’au-delà des pertes financières directes, c’est toute une chaîne économique locale qui risque de s’effondrer. « Nos activités agricoles fournissent des revenus à des milliers de familles sénégalaises et nous injectons des sommes considérables dans l’économie nationale », affirme Serigne Issa Diop.

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En dépit de cette crise, A2FP continue de se projeter vers l’avenir avec des plans d’emblavement de 400 hectares pour les prochaines cultures, incluant des spéculations comme la pomme de terre et l’oignon. Cependant, l’entreprise reste vigilante et appelle à des actions gouvernementales urgentes pour éviter que des situations similaires ne se reproduisent.

Cette crise soulève ainsi des questions cruciales sur l’équilibre entre ouverture des marchés aux produits étrangers et protection des producteurs locaux, un dilemme que l’État sénégalais devra résoudre pour garantir la pérennité de son agriculture nationale.

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