Yaram Fall Niang, vice-présidente du Conseil national de concertation et de coopération des ruraux (CNCR), a révélé lors d’un récent atelier de concertations sur la nouvelle stratégie de souveraineté alimentaire du Sénégal que moins de 10% des femmes travaillant dans le secteur agricole ont accès aux ressources productives. Ces résultats alarmants proviennent d’une étude menée par l’Initiative prospective agricole et rurale (IPAR), un partenaire stratégique du CNCR.
Selon Mme Niang, l’étude de l’IPAR s’est penchée sur l’accès des femmes aux ressources telles que la terre, la formation, la maîtrise de l’eau, le financement et le renforcement des capacités. Les résultats montrent que moins de 10% des femmes du secteur agricole bénéficient de ces ressources cruciales.
La vice-présidente du CNCR a également souligné une autre statistique préoccupante : 67% de la main-d’œuvre agricole au Sénégal est constituée de femmes. Ce chiffre, selon elle, met en lumière une inégalité flagrante dans le secteur.
Lors d’une entrevue avec l’Agence de Presse Sénégalaise (APS) à la clôture de l’atelier à Kaolack, Mme Niang a déclaré : « Nous allons attendre les résultats issus de ces concertations sur la stratégie de souveraineté alimentaire pour voir réellement s’il y a une implication massive et de qualité des femmes pour déterminer quelle est notre place dans ce projet. On ne peut pas parler de sécurité ou de souveraineté alimentaire et donner une place inférieure à la femme qui s’occupe de l’alimentation au sein de l’exploitation familiale. »
La présidente du Collège des femmes du CNCR a insisté sur le rôle central de la femme dans l’exploitation familiale, déclarant que « la femme est le noyau central de l’exploitation familiale » et qu’elle « se débrouille au quotidien pour faire survivre la famille. » Elle a plaidé pour que les femmes ne soient pas oubliées dans les initiatives telles que la stratégie nationale de souveraineté alimentaire en cours d’élaboration.
Mme Niang a également exprimé sa préoccupation quant à l’allocation budgétaire pour la mise en œuvre de la stratégie de souveraineté alimentaire. Elle déplore que sur les 5000 milliards de francs CFA prévus, « seuls 200 milliards de francs CFA » soient alloués au secteur de la pêche, malgré son statut de « première source de recettes d’exportations » pour le Sénégal.
Ces révélations mettent en lumière la nécessité urgente d’adopter des politiques et des programmes visant à corriger les disparités de genre dans le secteur agricole sénégalais, assurant ainsi une participation équitable des femmes et renforçant leur rôle essentiel dans la sécurité alimentaire du pays.