La culture du riz dans des fermes verticales, autrefois une idée futuriste, devient maintenant un besoin urgent.
Des rapports viennent d’être publiés concernant l’interdiction d’exportation de riz par l’Inde, la Russie et les Émirats arabes unis, car les conditions météorologiques de cette année ont considérablement réduit les récoltes, et les gouvernements tentent de prévenir l’augmentation des prix sur le marché intérieur.
Le riz est le principal produit alimentaire dans les pays asiatiques et africains, et une augmentation des prix peut avoir un impact significatif sur le marché mondial. L’urbanisation, la diminution des terres arables disponibles et la dépendance aux conditions météorologiques face à la croissance démographique sont des préoccupations depuis des décennies.
L’une des solutions prometteuses à ce problème complexe est la production de cultures dans des fermes verticales. Ces dernières années, les investissements dans les fermes verticales ont considérablement augmenté. Cependant, les plus grands et les plus célèbres projets, dont AeroFarm, inFarm et SquareRoots, font faillit cette année. Selon leurs auteurs, la raison réside non seulement dans l’augmentation des coûts de l’énergie et de la main-d’œuvre, mais aussi dans le fait que les consommateurs ne sont pas enclins à payer davantage pour des salades et des légumes verts provenant de fermes verticales alors que les mêmes produits (au moins en apparence) sont disponibles à proximité dans les supermarchés, produits selon des méthodes traditionnelles à un coût bien inférieur.
Depuis plusieurs années, des scientifiques de différents pays étudient la culture des céréales dans des fermes verticales. Les expériences menées par l’Université de Wageningen (Pays-Bas) prouvent qu’il est possible d’obtenir un rendement de blé de 127 tonnes/ha dans des fermes verticales. Cependant, il est peu probable que le blé ou l’orge soient cultivés commercialement dans des fermes verticales si tôt, car ils sont bien moins chers et plus faciles à produire en utilisant des méthodes traditionnelles. En revanche, le riz est l’une de ces rares plantes que la nature a destinées à pousser en hydroponie. Des expériences sur cette culture sont menées en Corée du Sud, en Chine et au Japon, mais pour le moment, il s’agit simplement d’expérimentations sur une petite surface où tout le travail est effectué manuellement.
La production commerciale nécessite une approche différente. Pour créer une ferme de riz efficace, il est nécessaire de tenir compte des développements dans la production de légumes en serre et de plantes ornementales, plutôt que de tout réinventer à partir de zéro.
Tout comme les légumes, le riz est cultivé à partir de semis. Depuis longtemps dans les fermes en serre, différents semoirs de précision sont utilisés pour semer des graines de différentes tailles dans des cassettes de multiples dimensions. Il existe également depuis longtemps différentes chambres de germination pour les graines, à la fois de type conteneur et des salles séparées.
Au cours de la dernière décennie, des machines automatiques sont apparues pour transplanter les semis des cassettes dans des pots et des plateaux de lignes de laitue. Des systèmes de transport sont également disponibles pour déplacer les plateaux et les cassettes dans les fermes verticales. Alors que dans la culture traditionnelle, la récolte des grains est effectuée par des moissonneuses-batteuses qui se déplacent à travers le champ, dans une ferme verticale, il est plus facile d’installer une petite moissonneuse-batteuse en permanence et d’alimenter les plateaux avec des plantes prêtes pour la récolte le long du convoyeur. Les moissonneuses-batteuses modernes existent en différentes tailles, y compris des petites utilisées dans les stations d’élevage.
Il ne suffit pas de récolter les grains ; ils doivent encore être transformés en produit fini. Mais cette solution technique existe déjà et est utilisée dans les entreprises de transformation de céréales. Bien sûr, même avec plusieurs étages, la production de riz dans une ferme verticale ne peut pas être aussi massive que dans les champs ouverts. C’est pourquoi tout l’équipement traditionnel devra être réduit ou des échantillons adaptés de la bonne taille devront être choisis parmi ceux déjà disponibles sur le marché.
La production de riz dans des conditions entièrement contrôlées permet non seulement d’éviter l’influence des conditions météorologiques défavorables, mais aussi d’assurer un flux continu de produits, comme c’est le cas pour les champignons. Un certain nombre de plantes sont semées chaque semaine, et une quantité spécifique, plus ou moins constante, de grains est récoltée, puis transformée sur place en produit fini. Dans les pays densément peuplés avec une tradition de street food, les produits issus de la ferme de riz peuvent être vendus aux cafés et restaurants du quartier. Il n’est pas nécessaire de transporter les grains sur de longues distances et de les stocker, ce qui accroît la compétitivité du riz provenant des fermes verticales.
Bien sûr, sans la participation d’agronomes, la création d’une ferme de riz réussie est impossible. Il faut choisir les variétés les plus adaptées à la demande d’un marché particulier. Elles doivent être précoces, sans barbe et à faible tige, bien que la hauteur de la tige puisse également être influencée par le choix du spectre optimal d’éclairage LED. Nous avons besoin de variétés qui n’exigent pas un inondation profonde, adaptées à la culture en NFT (technique de culture sans sol). Cela réduira la demande en eau et la charge sur la structure empilée, et donc le coût de fabrication du système.
Traditionnellement, le riz est cultivé dans les pays tropicaux et subtropicaux, de sorte qu’il n’exige pas de longues heures de lumière du jour et de refroidissement d’air supplémentaire (comme c’est le cas pour de nombreuses plantes dans les fermes verticales), réduisant ainsi les coûts d’énergie.
Sans aucun doute, il sera nécessaire de sélectionner la composition optimale de la solution nutritive ; des scientifiques de nombreux pays travaillent déjà sur ce sujet.
Bien entendu, transformer une idée en une solution technique et agro-technologique réelle exigera beaucoup de temps et d’argent. Cependant, les perspectives pour les start-ups qui la développeront semblent meilleures que celles des fermes verticales de laitue.