Depuis septembre 2022, l’Inde a instauré des restrictions drastiques sur ses exportations de riz, une politique qui devrait perdurer jusqu’aux prochaines élections législatives prévues entre avril et mai 2024. Selon Krishna Rao, président de la Rice Exporters Association (TREA), ces mesures incluent l’interdiction des exportations de riz brisé et de riz blanc non-basmati, une taxe de 20 % sur les expéditions de riz étuvé, et un prix plancher de 950 $ par tonne de riz basmati destiné à l’étranger.
Le Premier ministre indien Narendra Modi, en prévision des élections pour son parti Bharatiya Janata Party (BJP), a placé la lutte contre l’inflation alimentaire au centre de ses priorités. Cette stratégie vise à constituer des réserves suffisantes pour maîtriser la hausse des prix du riz, qui ont augmenté de 18 % par rapport à l’année précédente à New Delhi, en partie due aux perturbations liées à la mousson qui fournit normalement 70 % des précipitations agricoles.
Sonal Varma, économiste en chef pour l’Inde chez Nomura Holdings, souligne que ces mesures pourraient être prolongées au-delà des élections si les prix domestiques ne diminuent pas. Ces restrictions touchent près de 80 % des exportations totales de riz de l’Inde, qui ont atteint 22 millions de tonnes en 2022, dépassant largement les volumes combinés de ses quatre principaux concurrents (Thaïlande, Vietnam, Pakistan et États-Unis).
À l’échelle mondiale, cette politique indienne a un impact significatif, représentant 40 % du commerce mondial du riz. Les prix mondiaux ont atteint des sommets inégalés depuis plus d’une décennie, avec une hausse de 24 % d’une année sur l’autre en octobre, selon l’indice FAO des prix du riz, qui avait déjà atteint son plus haut niveau en 15 ans en août.
Sur le continent africain, un prolongement de ces restrictions pose un défi majeur pour des pays tels que le Bénin, la Guinée et la Côte d’Ivoire, parmi les principaux importateurs de riz blanc non-basmati indien. Ces nations devront faire face à des ajustements économiques et logistiques pour assurer leur sécurité alimentaire, tandis que le spectre de prix plus élevés plane sur les marchés locaux.
La politique de restriction des exportations de riz par l’Inde continue d’avoir des répercussions mondiales importantes, influençant les prix et créant des défis pour les nations dépendantes de ses importations. L’avenir réserve des incertitudes économiques et alimentaires tant au niveau national qu’international, soulignant l’importance de surveiller de près l’évolution de cette situation.